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V- UN AUTEUR-UNE ŒUVRE : OTTO PREMINGER CARMEN JONES 1954

Cindy Lou (Olga James) se rend pendant la Seconde Guerre mondiale, à une garnison pour y rencontrer son amoureux Joe (Harry Belafonte ) . Elle croise Carmen (Dorothy Dandridge ) dans cette usine d’armement, une jolie fille vive , rebelle et bagarreuse. C’est après une rixe que celle-ci est envoyée en prison sous la houlette de Joe. Carmen va charmer, ensorceler son nouvel amant. Frankie une amie (Pearl Bailey) lui présente un boxeur poids lourds Husky Miller (Joe Adams) aisé avec qui Carmen va s’acoquiner. Cette nouvelle union blesse Joe qui devient incontrôlable et qui va commettre un crime.

Le scénario est signé de Harry Kleiner ( 1) d’après la comédie de Oscar Hammerstein II (2) adapté du drame de Prosper Mérimée , sur une musique célèbre de Georges Bizet : 4 noms qui attestent d’une grande qualité que Preminger par son approche aisée et osée va magnifier.

Cette adaptation engagée et téméraire se passe dans le Sud profond des Etats Unis et tous les personnages du film étaient noirs – élément assez exceptionnel (3) – et la plupart des acteurs sont doublés par LeVern Hutcherson et Marilyn Horne sauf Pearl Bailey que Preminger réutilisera dans Porgy and Bess en 1959.

Donc Preminger donne une image sensuelle de cette histoire dont certaines scènes impudiques , symboliques et fortement suggestives ne semblent avoir lever une interdiction morale du fameux Code Hays. Cette sexualité débridée choque moins chez les gens de couleur que chez les autres : La scène où Carmen Brosse le pantalon de son nouvel amant est l’une des plus émouvantes du cinéma érotique et montre que la pruderie américaine a pour une fois essuyer aucun interdit .

Preminger trace de nouveau un portrait d’arriviste, d’une femme qui veut s’élever et choisit comme un male ses conquêtes, elle est immorale et rebelle, indisciplinée et non conforme et comme Stella dans « Crime passionnel« elle paiera de sa vie son choix de vivre. Ce film est une œuvre maitresse de Preminger tout comme Dorothy Dandridge qui le fut dans la vie et sur l’écran puisque ce film la sortit de l’anonymat et que son pygmalion reproduira sa singularit »é et son exotisme une nouvelle fois 5 ans plus tard avec Porgy and Bess

(1) Auteur de scénarii puissants : Le voyage fantastique (1966) Jugement: Le procès de Julius et Ethel Rosenberg- La fièvre dans le sang de Kazan 1961

(2) librettiste américain, auteur, parolier et producteur de comédies musicales. à qui on doit Le roi et moi--Show Boat 1951

(3) Des exceptions avant ce film « Green Pastures » 1936 de Marc Connelly , William Keighley—Gabin in the sky de Vincente Minnelli 1943 –Stormy weather 1943 de Andrew L. Stone et Preminger réitéra son audace avec Porgy and Bess en 1959