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Un pacte avec le diableAlias Nick Beal1949

               deJohn Farrow USA

                    Editeur Sidonis Calysta sortie le 16 juin 2020 (*)

Voilà le film sombre par excellence du fait de sa trame tragique. Le procureur Joseph Foster (Thomas Mitchell) refuse toute alliance politique avec Frankie Faulkner (Fred Clark)  un mafieux.

 Il préfère suivi ses amis politiciens qui lui proposent de se présenter comme gouverneur. Un étranger Nick Beal (Ray Milland)  lui propose son aide en lui apportant des livres de compte d’un personnage malfaisant connu pour ses activités frauduleuses qui sera traîné en justice.

Nick Beal va soudoyer une fille de mauvaise vie Donna Allen (Audrey Totter) qui se fait passer pour bienfaitrice, collabore avec Foster au point de le charmer. Le mystérieux Nick Beal va étendre son pouvoir pour mieux compromettre sa cible qu’il aide non sans intérêt. Au vu du titre français, tout un chacun devinera quel est son rôle, ses projets maléfiques et sa personnalité. Un ministre religieux ; le Révérend Thomas Garfield (George Macready)  tente de percer ce personnage pas si charismatique que cela et de signaler au procureur Joseph Foster qu’il a été le jouet de cet homme envahissant.

L’histoire est tirée des écrits d’un certain Mindret Lord - que peu de présentateurs du film dans sa sortie dvd citent- un auteur discret, inconnu dont le nom apparait dans des films modestes de série B de la Républic Studio : The Glass Alibi 1946 Yankee Fakir (1947) et The Big Bluff(1955) de W. Lee Wilder -- Strange Impersonation 1946 de Anthony Mann) où de la Paramount comme celui-ci   et dans des séries télévisuelles l ‘idée toute excellente soit-elle n’est point original , seul le traitement est novateur tant dans son atmosphère que dans ses personnages. Si son nom troublant signifie Seigneur  ce n’est point la première fois que l’on associe Diable et tentation (1941 the devil and Daniel Webster1942 les visiteurs du soir de Marcel Carné—1946 Angel on my shoulder de Archie Mayo) et même après le thème sera repris (1968-Rosemary's baby de Roman Polanski --1987-Angel Heart de Alan Parker--L'associé du diable 1998  )

 Cette adaptation est due à l’osmose du réalisateur et de l’adaptateur qui furent un duo plus imposant et plus long que le précité. Le second est JONATHAN LATIMER( 1906-1983) écrivain et auteur de romans policiers remplis d’humour  mettant en scène  en autres Bill Crane, détective privé (1) .Les 2 travaillèrent ensemble sur 10 films (2) et l’osmose ne fut jamais aussi intense – bien que nous les  n’ayons pas tous vus- que ce film au pouvoir aussi envoûtant que son héros maléfique

 THOMAS MITCHELL & GEORGE MACREADY & RAY   MILLAND

Les personnages sont fortement étoffés avec notamment ce quatuor que sont ce gouverneur crédule, ambitieux et on ne peut plus influençable avec cette galante qui se laisse emporter par le bien-être financier avec ce révérend qui sera la soupape de sortie et qui peu à peu doute de l’identité de cet agent étrange et que dernier à l’apparat classique, à la vêture interchangeable qui se régale de sa mise en abime des autres.

John Farrow cinéaste à réévaluer, enfermé dans une image de réalisateur de westerns ; il est vrai il en fit  trois : Vaquero avec Robert Taylor, Ava Gardner-- Hondo, l'homme du désert (1953) Hondo avec John Wayne,et Terre damnée (1950) Copper Canyon avec de nouveau Ray Milland mais c’est plutôt les autres genres qui l’accaparèrent puisqu’il fit 50 films dont le polar adaptant outre ceux cités Leslie Charteris  

 Ici il offre une œuvre picturale jouant sur des décors surréalistes parfois et surtout déployant une atmosphère atypique (tout est sombre et se passe souvent de nuit) basée et drainée par des éléments atmosphériques (pluie, brouillard, nuit). Il nous offre un final influencé par l’impressionnisme allemand jouant sur l’ombre et la lumière dans un film en noir et blanc. Il va s’en dire que son film se veut religieux ,  métaphysique politique peut-on y voir  une métaphore  dans ces approches ? Toujours est-il que ce film atmosphérique subjugue.

Ajoutons des interprètes superbement dirigés

GEORGE MACREADY montre son éclectisme dans ce rôle savoureux du seul qui s’oppose au mal, à Lucifer. Il apportera via Latimer une dose d’humour à ce conte macabre à écouter les dialogues suivants : « Monsieur Beal. J'essaie de resituer votre visage depuis plus d'un mois maintenant. Nick Beal : Peut-être que vous ferez mieux d’abandonner. Rév. Thomas Garfield : Quelqu'un a-t-il déjà peint votre portrait ? Nick Beal : Oui. Oui, Rembrandt en 1655.

IL possède une filmographie de 150 films dont beaucoup sont des grands films notamment en 1946 : Gilda, film de Charles Vidor  où il se partage avec Glenn Ford les faveurs de Rita Hayworth, en 1953 : Jules César de Joseph Mankiewicz , en 1957 : Les Sentiers de la gloire (Paths of Glory) pamphlet de Stanley Kubrick où il joue un général délirant qui tire sur ses propres troupes  ,  en 1962 : Quinze jours ailleurs (Two Weeks in Another Town) de Vincente Minnelli, en 1964 : Sept jours en mai (Seven Days in May) , politique fiction de John Frankenheimer.

AUDREY TOTTER fut aussi enfermée dans un type de rôles ( la garce à voir ses films policiers : 1946 : Le facteur sonne toujours deux fois (The Postman Always Rings Twice), de Tay Garnett-- 1947 : La Dame du lac (Lady in the Lake), de Robert Montgomery et: Le crime était presque parfait (The Unsuspected), de Michael Curtiz-- Tension (1949) de John Berry. Elle fit aussi quelques westerns : La femme qui faillit être lynchée (1953) Woman They Almost Lynched  qui reste son meilleur rôle 1954- Massacre Canyon de Fred F. Sears:-- 1954 -Calibre 44 -Man or Gun d’Albert C. Gannaway-- Courage Indien (1955) The Vanishing American) de Joseph Kane Elle est remarquable dans ce personnage à double facette.

THOMAS MITCHELL est l’acteur fétiche de Frank Capra : 1937 : Les Horizons perdus (Lost Horizon) -- 1939 : Monsieur Smith au sénat-- 1946 : La vie est belle de Frank Capra trois chefs d’œuvre du réalisateurs qui l’appellera pour son dernier film 1961 : Milliardaire d'un jour.Il joua souvent les tête-en-l’air, les   éthyliques comme en  1939  dans le film qui lui apportera l’oscar : La Chevauchée fantastique  signé Ford qui le réemploiera  ( (1937) Hurricane --1940 : Les Hommes de la mer (The Long Voyage Home) Il est présent dans plusieurs westerns : 1939 : Autant en emporte le vent de Victor Fleming--1944 : Buffalo Bill de William A. Wellman-- 1948 : La Rivière d'argent (Silver River) de Raoul Walsh-- 1952 : Le Train sifflera trois fois (High Noon) de Fred Zinnemann  où il est le maire lâche qui, refuse l’aide à Gary Cooper -- 1954 : Le Nettoyeur (Destry) de George Marshall

 Fritz Lang (La péniche de l'amour (1942)--1956 : La Cinquième Victime (While the City Sleeps)  Julien Duvivier (1942 : Six destins (Tales of Manhattan)1943 : Obsessions (Flesh and Fantasy)   Howard Hawks  (Seuls les anges ont des ailes - Only Angels Have Wings : où il incarne un aviateur obligé de cacher sa cécité à son ami Gary Grant) le quémandèrent . plus de 100 participations à son actif et détail amusant il reprit sur les planches le rôle mythique du lieutenant Columbo, quelques années avant que ce personnage ne fasse la gloire de Peter Falk

 THOMAS MITCHELL & RAY MILLAND  

RAY MILLAND impeccable, impressionnant dans son unique costume et avec son sourire de faux derche qui exécrait  le contact humain et la Bible et devient plus inquiétant comme il est violent et quand il surfit et disparaît à l’improviste IL eut une carrière envieuse traversant tous les genres , travaillant pour petit et grand écrans pour les grands noms et les autres et qui de surcroit s’adonna à la réalisation.

Il est le premier acteur à recevoir, au premier Festival de Cannes (1946), le prix d'interprétation masculine pour son rôle de l'écrivain alcoolique Don Birnam dans le film Le Poisonde Billy Wilder, sorti en 1945 qui reste son rôle phare tout comme celui de Tony Wendice le mari qui veut assassiner son épouse Grace Kelly dans 1954 : Le crime était presque parfait (Dial M for Murder) d’Alfred Hitchcock et Stanford White dans le mélo signe Richard Fleischer La Fille sur la balançoire (The Girl on the Red Velvet Swing)1955 démontrant par là qu’il est plus un acteur pour le drame que pour le western malgré a participation au genre qui lui donnât moins d’aura (Californie terre promise (California) 1947 de John Farrow---- Les clairons sonnent la charge (titre original : Bugles in the Afternoon) de Roy Rowland, 1952. ) Il réalisa 6 films dont Panique année zéro (Panic in Year Zero! Sur la survie d’une famille Los Angeles est détruite par une attaque nucléaire

 (1) Murder in the Madhouse (1935)Publié en français sous le titre Bacchanal au cabanon, Paris, Gallimard, Série noire no 60, 1950 ; réédition, Paris, Gallimard, Carré noir no 179, 1974

The Lady in the Morgue (1936)Publié en français sous le titre Quadrille à la morgue, Paris, Gallimard, Série noire no 26, 1949 ; réédition, Paris, Gallimard, Carré noir no 117, 1973

The Dead Don’t Care (1938)Publié en français sous le titre Les morts s’en foutent, Paris, Gallimard, Série noire no 40, 1949 ; réédition, Paris, Marabout no 739, 1981 ; réédition, 10/18 no 2170, 1991

(2) La Grande Horloge The Big Clock 1948 à La Femme et le Rôdeur, The Unholy Wife 1957 en passant par Les Yeux de la nuit (Night has a thousand eyes) 1948 trois polars adaptés de William Irish, Kenneth Fearing et William Durkee

(*) BONUS  Présentation du film par :

Bertrand Tavernier (39’)

François Guérif (8’)

Patrick Brion (6’)

« Un pacte avec le diable », version radiophonique (55’) avec les mêmes acteurs