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LA DERNIERE FANFARE(The Last Hurrah) de John FORD  1958

                                  Sortie : Sidonys Calysta 2020 (*)

 Sans jeu de mots, ce film ne fit pas grand bruit et ne fut pas un succès pour son auteur, pourtant cette œuvre forte est à reconsidérer tant le discours et le traitement sont forts reconnaissons-le même si cette œuvre ne figure pas parmi nos préférés dans la carrière de ce géant du septième art

Celui-ci âgé de 64 ans entame après des débuts 40 ans plus tôt sa dernière ligne droite et celle-ci sera glorieuse car elle comprendra des œuvres puissantes (1964 :Les Cheyennes (Cheyenne Autumn)  et des chefs 1960 :Le Sergent noir (Sergeant Rutledge)-- L'Homme qui tua Liberty Valance (The Man Who Shot Liberty Valance)

Un maire sortant Frank Skeffington (Spencer Tracy) prépare sa réélection pour un cinquième mandat. Il prend comme témoin de cette aventure son neveu Adam Caulfield (Jeffrey Hunter)

Même si l’histoire est sombre, pessimiste car elle raconte les espoirs en vain d’un homme politique dépassé par le modernisme ici symbolisé par l’apparition de la télévision émettrice de popularité quel que soit le candidat et qui se dévoile d’une pauvreté morale effarante (1)

Le système politique reçoit en plein visage les revers de la publicité qui table plus sur le paraître que sur l’être et qui fera partie du folklore pour des élections à venir. 60 ans après l’impact est devenu dévastateur. John Ford qui fut friand des jeux d’ombre et de lumière, n’adhère plus à  cette démonstration tant le monde qu’il décrit est devenu sombre , moins réglo et plus hypocrite . sa morale en paie les frais , même si lui n’en est pas exempte sans être plus corrompu que ses adversaires.

IL est le représentant d’un monde passé, dépassé par les évènements et devient encore plus attachant quand il évoque ses origines modestes (2) parle de diversité ethnique (irlandais, juifs, chinois) et se montre généreux sans  utiliser parfois les mêmes hypocrisies que ses adversaires. 

Le tout est enveloppé avec humour et tendresse et joué par une multitude de bons comédiens (Dianne Foster--  Pat O'Brien -- Basil Rathbone --) dont certains sortent de sa troupe (Donald Crisp -- John Carradine --  Jane Darwell --)

 Ford signe un beau film , si ce n’est un grand vu sa largeur d’esprit lui l’allié des minorités qu’elles soient indiennes ou simplement féminines (3) y prêtant la même dévotion, la même reconnaissance ; hommage qui perdurera dans tous les portraits de ses personnages féminins qu’ils soient prostituées ou voleuses, fille mère ou amante défunte

Ford est un géant et chaque film qui ressort via ses supports attestent notre regard

 (1) Le candidat simpliste et même trop simpliste frôlant la caricature pose avec un chien non coopérateur et avec une épouse déboussolée lisant un carton

 (2) Il emmène son filleul sur les lieux de son enfance ; un quartier pauvre habité par des prolétaires

 (3) Son hommage à feue son épouse en est la preuve en déposant une rose journalièrement devant son portrait qui trône le long d’un escalier

(*)en supplément des présentations de Jean-François Rauger, Patrick Brion et Jean-Baptiste Thoret, un documentaire sur John Ford réalisé par Lindsay Anderson (43'), en plus du livret signé Gérard Camy de 88 pages  avec moult photos sur la genèse du film, sur John Ford , Tracy et un aperçu de films traitant des élections américaines. Le film est en édition Combo ( DVD & Nlu-Ray) VO s/t et VF

 Présentation qui en fait un des plus beaux coffrets d’un éditeur non avare de sorties exceptionnelles